Le prix Nobel de chimie a été attribué le 4 octobre 2023 à trois chercheurs qui ont produit des avancées importantes dans le domaine des boîtes quantiques. Ces nanostructures faites de quelques centaines à quelques milliers d’atomes émettent dans des longueurs d’ondes, donc dans des couleurs, en relation avec ce nombre. Par ailleurs, plus elles sont petites plus elles ont d’énergie.

Dans un de ces moments rares de création où, comme l’a dit Christian Bobin l’on peut « sentir encore et encore cette brise parfumée de l’invisible à nos tempes, cette proximité d’une fraicheur surnaturelle », j’ai pu imaginer une variante d’une « colonne sans fin », faisant référence à Constantin Brâncuși. Elle est faite de modules superposés de boites quantiques de plus en plus petites. J’en avais inconsciemment préfiguré la représentation par l’empilement de 24 modules de fonte, de forme conique, de diamètres de plus en plus petits, autour d’une barre d’acier de près de 4 mètres de haut, trois ans auparavant. En accordant aujourd’hui à ces buselures des couleurs conformes à un spectre représentatif des boites quantiques, j’ai donné à la colonne existante une indéniable dimension esthétique. En reconnaissant au dernier module d’une colonne qualifiée de « sans fin » les propriétés des boîtes quantiques, je lui ai donné une énergie infinie. Or la seule énergie infinie, celle qui augmente lorsqu’on la donne est une énergie intérieure : l’Amour. Sculpteur de la réalité de l’idée à défaut de la réalité de la forme, Brâncuși n’est pas trahi par cette œuvre raisonnablement sous-titrée « Hommage à Constantin Brâncuși ». Elle s’avère être un monument au Vivant.